Dans le cadre de son 5ᵉ webinaire autour de la logistique urbaine, l’ORT&L s’intéresse au e-commerce et aux conséquences de l’hybridation accrue des modes de consommation sur la logistique et les flux de marchandises en ville.
La logistique urbaine présente des enjeux spécifiques au croisement entre, d’une part, les problématiques liées aux flux de marchandises et, d’autre part, celles posées à la densité des activités humaines en ville et à la cohabitation des usages.
Afin d’apporter un éclairage à ces enjeux, l’ORT&L Grand Est organise chaque mois, depuis février 2021, un webinaire sur un aspect de cette vaste thématique avec l’intervention d’experts du sujet.
Depuis la révolution numérique permise par la création et la démocratisation du web et, plus récemment, des smartphones, les achats de biens en ligne se sont considérablement développés. La crise sanitaire et les confinements ont encore accéléré cette tendance. Or, ce phénomène a des conséquences en termes logistiques avec le développement des flux de livraisons à domicile ou en points relais, en particulier dans les villes, là où résident la plupart des consommateurs.
C’est pourquoi l’ORT&L Grand Est a choisi de consacrer un webinaire à ce sujet et de s’interroger sur les conséquences du développement du e-commerce en termes de flux de marchandises et de logistique et sur comment rendre ce développement plus durable et respectueux de l’environnement.
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En résumé
7 Français sur 10 achètent régulièrement sur Internet. Le e-commerce n’est pas un phénomène nouveau. Il existe depuis une vingtaine d’années. Malgré tout, il continue à progresser avec une croissance à deux chiffres chaque année. En 2020 et 2021, la crise sanitaire a été un accélérateur de son développement. Avec le confinement et la fermeture d’un grand nombre de magasins, Internet devenait provisoirement la seule option pour acquérir certains biens. Nombre de consommateurs ont alors pris de nouvelles habitudes en goûtant aux côtés pratiques d’une commande depuis chez soi et d’une livraison souvent aussi à domicile et gratuite – ou offerte, pour être exact.
Le consommateur l’oublie souvent : lorsqu’il achète un produit en ligne, il n’achète pas uniquement un objet mais aussi le service logistique qui lui permet d’en disposer. Cette logistique a un coût (celui de la préparation des commandes, de la livraison, etc.) mais aussi des impacts sur l’environnement, le territoire, les villes et leurs habitants.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a missionné France Stratégie, le Conseil général de l’environnement et du développement durable et l’Inspection générale des Finances afin d’élaborer un rapport et des préconisations autour du e-commerce. Intitulé « Pour un développement durable du commerce en ligne », il a été remis en février 2021 et s’intéresse logiquement largement aux problématiques logistiques du e-commerce. Deux de ses auteurs, Marie Deketelaere-Hanna et Patrick Lambert, ont présenté leurs travaux lors de ce webinaire.
Ils ont donné quelques éléments permettant de caractériser le commerce en ligne et quantifier son importance. Sa part de marché (environ 13 %) est dans la moyenne de nos voisins européens mais bien inférieure à d’autres pays. Cela montre qu’il a encore d’importantes marges de progression. Le e-commerce est très divers ne se résume pas à Amazon. Certes, la part de marché de ce dernier (22 %) est bien supérieure à celle de ses challengers, mais il ne faut pas oublier les groupes de la grande distribution, les producteurs et les plus petites structures qui vendent aussi en ligne.
Le développement du e-commerce entraîne des besoins croissants en logistique. On construit de plus en plus d’entrepôts et leur surface tend à augmenter. Les livraisons sont aussi de plus en plus nombreuses avec une augmentation de la moyenne du nombre d’achats par mois et une diminution de la taille du panier moyen (59 € en 2019 contre 90 € en 2011).
Ce développement a des conséquences sur l’environnement, mais celles-ci font l’objet d’une controverse. Il est, en effet, difficile de faire le bilan entre les pollutions générées et celles évitées. D’un côté, il y a la construction d’entrepôts et les émissions des véhicules de livraison. De l’autre, des économies d’énergie pour les magasins physiques et des déplacements évités pour les consommateurs. Cependant, dans quelle part le e-commerce se substitue-t-il ou se rajoute-t-il au commerce physique ? Les auteurs du rapport invitent à poursuivre les recherches afin de répondre plus clairement à cette question et affiner le bilan global. Sur le plan de l’emploi, il apparaît toutefois assez clair que le e-commerce favorise les emplois logistiques (préparateurs de commandes, livreurs…) au détriment de ceux du commerce traditionnel (vendeurs, caissiers…).
Sur la base de ces constats à approfondir, les auteurs du rapport font un certain nombre de propositions. Sur le plan de la logistique, ils invitent notamment à ce que les documents de planification locaux la prennent réellement en compte. Ils souhaitent aussi encourager la livraison en point relais et invitent à une transparence sur les prix et les impacts environnementaux de la livraison.
Suite aux interventions de Marie Deketelaere-Hanna et de Patrick Lambert, les participants leur ont posé un certain nombre de questions. Par exemple : Y a-t-il eu des études sur les conséquences du développement du commerce en ligne sur le commerce de proximité, les acteurs du e-commerce avançant l’idée que le solde d’emplois serait globalement positif ? Ils les ont aussi interrogés sur le lien avec la mission sur la logistique urbaine durable actuellement en cours.
Retrouvez les réponses à ces questions et l’ensemble des interventions dans la vidéo.