Le CGDD a publié l’édition 2020 du bilan social annuel du transport routier de marchandises qui permet d’appréhender et de quantifier les problématiques sociales et économiques de la profession.
Créé en 1994-1995 pour répondre à la demande des partenaires sociaux, le Bilan social annuel du transport routier de marchandises, publié par le service statistique du Ministère en charge des transports, vise à établir un diagnostic objectif des conditions sociales de l’activité dans ce secteur.
Il comprend 6 parties :
– La situation économique
– L’emploi et le marché du travail
– La durée du travail
– Les salaires
– La formation
– L’accidentalité
L’édition parue en 2020 dresse le bilan pour l’année 2018 en offrant un panorama des enjeux pour la profession et en présentant les tendances et les évolutions par rapport à 2017 et aux années passées.
Une hausse de l’activité en 2018 plus faible qu’en 2017
Le nombre de tonnes-kilomètres réalisées en transport routier en France en 2018 est en hausse de 2,9 % par rapport à l’année précédente. Cette progression est cependant plus faible pour les entreprises françaises de transport routier de marchandises dont les tonnes-km n’augmentent que de 1,3 %, alors qu’elles étaient en hausse de 9,2 % en 2017. En revanche, le transport pour compte propre progresse fortement : + 11,3 % en 2018, après + 2,7 % en 2017. L’activité des entreprises étrangères de transport routier s’accroît également avec + 2,7 %.
En 2018, le transport intérieur par poids lourds français de produits manufacturés et machines augmente de 6,1 %, celui de produits agricoles et alimentaires de 2,7 %, tandis que le transport de minéraux et matériaux de construction baisse de 1,0 %. S’agissant du conditionnement des marchandises transportées, le transport par palettes domine avec 48,2 % des tonnes-km réalisées par les entreprises de transport routier tandis que le vrac solide représente 32,3 %. Le transport par conteneurs représente 3,7 % et est en baisse de 8,6 % en 2018. Par ailleurs, il est à noter que la part des trajets de moins de 150 km s’est accrue en 2018 au détriment de ceux de plus de 500 km.
Le chiffre d’affaires des entreprises du secteur élargi du transport routier de fret progresse de 5,5 % en 2018. Les dépenses d’achats de carburants augmentent nettement de 11,4 %. Les prix des prestations de transport ont augmenté en 2018 mais à un niveau moindre que la hausse des coûts pour les entreprises.
Un marché de l’emploi sous tension marqué par le vieillissement et une féminisation à la peine
Le tissu économique du secteur élargi du transport routier de fret repose largement sur des PME. 56 % des salariés travaillent dans un établissement employant moins de 50 personnes. La structuration par taille d’établissements est globalement stable depuis 2000.
Le secteur a vu son effectif salarié croître de 3,7 % en 2018. Cela constitue la plus forte progression depuis 2000 et poursuit la tendance croissante observée depuis 2015. Le transport routier de fret contribue pour 8 % aux créations nettes d’emploi de l’ensemble du secteur privé. Les transports de proximité sont particulièrement dynamiques depuis plusieurs années. En 2018, leurs effectifs augmentent de 6 %. A contrario, la messagerie et le fret express perdent des emplois de façon régulière depuis 2000.
En 2017, 89,4 % des salariés du transport routier de fret sont en CDI, soit 4,6 points de plus que pour l’ensemble du secteur privé. Le taux de recours à l’intérim diminue en 2018 de 0,5 point et s’établit à 5,6 %. Il semblerait que cela puisse correspondre à des embauches en contrat durable d’anciens intérimaires afin de faire face aux difficultés de recrutement.
Les tensions s’accentuent sur le marché du travail avec une certaine pénurie de chauffeurs poids lourds. 44 % des offres d’emploi émanent des agences d’intérim mais, dans le même temps, on constate une progression des contrats stables parmi l’ensemble des offres proposées.
Il est à noter une tendance marquée au vieillissement des salariés exerçant dans le transport routier de fret. Leur âge moyen est supérieur d’1 an et 4 mois à celui de l’ensemble des salariés du secteur privé. Le secteur emploie toujours très peu de femmes : 11,1 % contre 43,3 % dans le secteur privé. Cette part a même tendance à reculer depuis 2008.
Des temps de travail élevés et une surreprésentation du travail de nuit
Le temps de service des conducteurs de poids lourds salariés du secteur s’établit en moyenne à 45h56 par semaine en 2018. Le temps de conduite y participe à hauteur de 30h49. Le temps de travail hebdomadaire moyen a augmenté de 46 minutes en 2018, essentiellement porté par la courte distance. Il existe cependant une vraie hétérogénéité. Si plus de la moitié des grands routiers travaillent plus de 48 heures par semaine, 17,8 % des conducteurs sur courte distance ont un temps de service hebdomadaire inférieur à 39 heures. Si le temps de travail hebdomadaire augmente, le nombre de jours travaillés par mois a, en revanche, diminué en 2018 et s’établit à 17,1 jours en moyenne.
Le travail de nuit et le soir est très répandu dans le transport routier de marchandises. 30 % des professionnels du secteur travaillent, au moins occasionnellement, entre minuit et 5 heures du matin, alors que la moyenne pour le secteur privé s’établit à 9 %. À l’inverse, le travail le week-end est moins fréquent dans ce secteur. En particulier, le travail le dimanche demeure rare, en raison notamment de l’interdiction de circulation ce jour-ci pour la plupart des marchandises.
Des salaires en hausse mais un pouvoir d’achat qui se dégrade légèrement
Le salaire moyen (brut tout compris) des salariés du transport routier de fret a augmenté de 1,6 % en 2018. Cependant, cette hausse ne parvient pas à compenser la hausse des prix à la consommation, si bien que leur pouvoir d’achat a globalement légèrement diminué de 0,2 %.
Le salaire net médian s’établit à 1 720 euros par mois pour le secteur élargi du transport routier de fret. Il est très proche de celui de l’ensemble des secteurs. Le salaire moyen est légèrement supérieur pour les femmes, mais celles-ci sont particulièrement sous-représentées dans les métiers « ouvriers » qui sont aussi les moins rémunérateurs.
Un niveau de formation globalement en hausse
Le niveau de formation dans le secteur du transport routier est relativement peu élevé du fait de la nature des métiers. Il est cependant en hausse régulière, les plus jeunes générations étant globalement davantage diplômées. La part des actifs de niveau Brevet ou sans diplôme a diminué de 43 % à 27 % entre 2002 et 2017, tandis que la part des titulaires du baccalauréat s’est accrue, dans le même temps, de 17 % à 28 %. Cela étant, quelle que soit la classe d’âge, le niveau CAP/BEP reste le plus représenté avec 45 % des effectifs en 2017.
Le nombre de formations initiales a poursuivi sa hausse en 2018 avec + 8,4 % par rapport à 2017. On constate la poursuite d’une tendance observée depuis plusieurs années avec le développement des titres professionnels qui représentent désormais la principale voie d’accès au métier de conducteur, au détriment des FIMO.
Des enjeux d’accidentalité qui concernent particulièrement les conducteurs routiers
Le risque d’accidents de travail est significativement plus élevé dans le transport routier de fret. On y dénombre 79 accidents avec arrêt de travail pour 1 000 salariés contre 33 en moyenne dans l’ensemble des secteurs hors fonction publique.
En 2018, 2 830 accidents de la route avec dommages corporels ont impliqué un poids lourd, en baisse de 0,7 % par rapport à 2017. Ils ont entraîné le décès de 444 personnes (+ 6,2 %) dont 37 conducteurs poids lourds. Les accidents corporels impliquant un poids lourd ont plus souvent lieu sur les autoroutes que pour les autres accidents. Leur gravité est particulièrement forte hors agglomération et, de manière générale, les accidents impliquant un poids lourd tendent à être plus graves que les autres du fait du poids de ces véhicules.
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