IDDRI : 2 scénarios de décarbonation du fret en France

L'IDDRI, en collaboration avec l'Ifsttar, EDF et le Cired, a effectué un travail de prospective dessinant deux scénarios très différents permettant d'atteindre l'objectif de neutralité carbone du transport de marchandises en 2050.

L’IDDRI (Institut du développement durable et des relations Internationales) a initié une démarche dénommée « Deep Decarbonization Pathways » visant à décrire comment les différents pays peuvent transformer leur économie d’ici à 2050 afin d’atteindre la neutralité carbone. En collaboration avec l’Université Gustave Eiffel / Ifsttar, EDF et le Cired, l'IDDRI a décliné cette démarche au transport de marchandises en France. Il en résulte la production d’un rapport descriptif détaillant deux scénarios contrastés d’évolution de la société et de la logistique mais qui permettent tous deux d’atteindre une décarbonation profonde du transport de marchandises. Ces scénarios construisent deux histoires cohérentes d’évolutions possibles et aboutissent à des effets différents sur des indicateurs tels que les volumes de biens transportés, les kilométrages parcourus ou les répartitions modales.

La présentation de deux scénarios contrastés permet de mettre en évidence le rôle des choix politiques et citoyens dans la construction ou non de nouveaux modèles de société.
Le scénario 1 repose sur une poursuite des tendances structurelles de l’économie actuelle et la continuité des processus de mondialisation. Les flux d’échanges continuent à être toujours plus intenses et rapides. Au contraire, le scénario 2 repose sur des basculements dans les comportements et les organisations amenant à une forte relocalisation des productions à proximité des bassins de consommation et un développement du recyclage, de la réutilisation et de la réparation dans une logique de territoire d’économie circulaire.
Les deux modèles partagent les mêmes hypothèses d’évolution de la population et de croissance du PIB (1,8 % par an).

Répartition modale selon les 2 scénarios

Le scénario 1 rend la décarbonation des transports fortement dépendante de la transformation du secteur routier puisque celui-ci continuerait à se développer et à rester largement prédominant (84 % de part modale). Ce scénario induit de forts besoins en ressources agricoles pour la production d’agrocarburants, ce qui occasionnerait une pression importante sur le système agroalimentaire et énergétique. La pression à des livraisons de plus en plus rapides et de moins en moins chères se maintiendrait. La poursuite du développement du e-commerce et des livraisons à domicile rapides et offertes pourrait engendrer une multiplication par 5 des flux de véhicules utilitaires légers (camionnettes de livraison) en ville.

Le scénario 2 aboutit à une répartition plus équilibrée des efforts entre les différents piliers de la décarbonation et à une réduction plus forte des émissions de gaz à effet de serre et, davantage encore, des consommations d’énergie (-76 % contre -30 %). Les tonnes transportées diminueraient de 9 % et les distances parcourues par une marchandise diminueraient de 20 % en moyenne (davantage sur la longue distance). Le transport routier se concentrerait sur le local et l'intrarégional tandis que le ferroviaire serait majoritaire (52 %) sur les trajets de plus de 500 km. Une régulation avec des minimums imposés sur les délais et les prix des livraisons et une restriction forte des livraisons à domicile permettrait de détendre les chaînes logistiques, de faciliter les massifications et de limiter au niveau actuel le trafic de marchandises courte distance (< 50 km).

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Plus d'infos sur le site de l'IDDRI

 

Graphiques : © IDDRI, Université Gustave Eiffel / Ifsttar, EDF, Cired